Les histoires d'amour finissent mal...

Publié le par Kellmyn

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Dimanche :

   -  Mais tu m'avais dit qu'on serait tous les deux... Rien que tous les deux...
   - Je sais ce que j'ai dit... Mais là, je sens que si tu viens... ça va être lourd, on va se prendre la tête et c'est vraiment pas ce que je veux en ce moment. Je veux plus me prendre la tête avec toi.
   - Mais, Damien... J'ai déjà pris mon billet pour venir avec toi.
   - Tu sais très bien que c'est faux. Tu mens mal Julie. Maintenant laisse-moi.
   - Et qu'est-ce que tu aurais fait si j'avais vraiment déjà pris mon billet? Tu me dirais quoi? "Fais-toi rembourser"?
   - Je dirais rien... Ou plutôt je t'aurais rien dit... Tu m'aurais mis devant le fait accompli.
   - Tu ne m'aurais rien dit... Dis-moi, ça fait combien de temps que tu ne me dis rien? Que je te mets devant le fait accompli et que tu supportes... et que tu ME supportes?
   - Voilà pourquoi je veux pas que tu viennes. Tu vas me prendre la tête et ça, je veux pas. Je me suis déjà disputé avec Joanne, 2 filles qui m'en veulent en même temps c'est une de trop. Et puis c'est notre première série de concerts avec le groupe, on va avoir des horaires de ouf, si tu viens, ça va être tendu, je le sens.
   - Ben tu sais quoi? M'appelles plus! Je veux plus t'entendre... Je devais venir te voir une semaine? Si tu ne veux plus me voir, tu ne m'entendras pas non plus pendant ce laps de temps!
   - Désolé que tu le prennes comme ça.
   - ...
   - ...
   - Je t'en prie... Laisse-moi venir Damien. Laisse-moi te voir. Je me ferais toute petite, je te laisserai tranquille... Je t'en prie, j'ai... j'ai vraiment besoin de toi en ce moment...
   - Ecoute... Non! Non, je veux pas, c'est tout.
   - OK. Tu m'excuses, je vais devoir raccrocher là... Je suis... Je me sens mal. Bonne semaine. Bons concerts.
   - Oui, bonne semaine à toi aussi.
   - ...
   - ...Julie... Je t'aime.
   - ...
   - Je t'aime Julie.
   - J'avais entendu la première fois...
   - ....
   - Je voudrais pouvoir te dire que moi aussi, mais là.... mais là, je sais plus. Vraiment, je sais plus, je te comprends plus...


Sur ces mots, elle raccrocha son téléphone et attendit. Elle attendit que le temps remonte, elle attendit que son téléphone sonne et que ce soit sa voix au bout du fil, elle attendit de se réveiller et de voir que tout cela n'était qu'un rêve, cette conversation, cette douleur qu'elle ressentait dans sa poitrine et qui déjà lui donnait la nausée... Elle attendit, mais rien ne vint... Consciente qu'une scène importante de sa jeune vie venait de se jouer, elle se roula en boule sur son oreiller, serant ses genoux contre sa poitrine et sanglota en silence. C'était dimanche soir... Et elle savait qu'elle ne serait pas là pour assister à la première tournée des O.O.I., le groupe dans lequel son petit ami se produisait... Elle avait pourtant tout prévu... Prévenu ses amis, chamboulé son emploi du temps, averti ses parents, fait sa valise et rangé sa chambre... Elle avait tout prévu... Sauf de se faire jeter comme.... ça.
"Il s'en mordra les doigts" se dit-elle. "Il m'aime... Il me l'a dit... Il m'aime et il reviendra. Il s'excusera, je lui en ferais baver... au moins pendant 10 minutes, puis... puis tout sera comme avant et je pourrais lui dire que moi aussi, je l'aime..." Se sentant plus maîtresse d'elle-même, elle quitta le lit et après s'être recoiffée et rincé le visage, elle annonça à ses parents que non, finalement, elle ne suivrait pas Damien sur sa tournée et que ça lui allait très bien... Qu'elle avait besoin de temps pour elle et que ce petit break tombait à pic.
Elle se coucha 2 heures plus tard... En pensant à tout ce temps qu'elle avait devant elle et qu'elle aurait à combler... Elle n'avait jamais eu autant de temps pour elle... Cette pensée la fit sourire... Mais c'est en songeant à quel point il lui manquait et à quel point ces 7 jours sans nouvelles de lui allait être longs qu'elle s'endormit... Le coeur lourd...


Mercredi :

"Fais chier, putain"... Seule dans sa chambre, Julie lança un regard autour d'elle et se laissa tomber sur son lit avec tous ses sacs. Elle avait passé la journée à dépenser les 2/3 de sa bourse en compagnie d'une amie d'enfance qu'elle n'avait ni vu, ni appelé depuis près de 2 ans. Alors forcément, elles avaient des choses à se dire... Des choses drôles pour la plupart, en général, on fait l'impasse sur ses échecs et ses soucis lors de ces réunions... Elle avait bien ri, toute la journée avait été idyllique.... Alors pourquoi une fois seule dans sa chambre, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à lui. Il l'avait bien chercher pourtant... cette punition... Et elle espérait bien qu'il en souffrait, car cet éloignement et ce silence étaient autant sa peine à lui que la sienne. Elle ne pensait pas que ce triple idiot lui manquerait autant... Surtout après les difficultés qu'ils avaient traversées ces derniers temps. Il avait un nouveau travail et devant faire ses preuves, il n'avait que peu de temps à lui consacrer...  Elle de son côté  devait faire des choix pour son avenir professionnel qui ne pouvaient qu'influer sur la face personnelle de sa vie et le manque d'attention qu'il lui accordait l'amenait même à douter de leurs sentiments l'un pour l'autre... La désirait-il encore? L'aimerait-elle toujours dans 1 an? Dans 1 mois? Demain?... Et ses parents qui ne manquaient de souligner le coté puéril de leur relation... Et ses amis... Et... Et....  Mais aujourd'hui, alors qu'il était plus loin des yeux que jamais il s'imposa à elle qu'il était aussi plus près du coeur qu'au premier jour de leur histoire... Et se rendre compte de l'importance de ce... gamin égoïste alors qu'il l'avait traité avec tant de mépris... cette prise de conscience la faisait chier!... Il n'y a pas d'autre mot pour le dire.
Elle tint bon... elle ne lui écrivit qu'à 23h56... Pas grand chose... Juste un petit mot... Pour lui dire qu'elle pensait à lui... Qu'il lui manquait... Ce faisant, elle n'en fut que moins tranquille. Au lieu de l'apaiser, son geste venait de la révéler à elle-même... Elle était faible face à lui... Il ne l'avait pas appelée... Pas même un SMS... Rien depuis dimanche soir... Elle le savait orgueilleux, mais elle le pensait amoureux aussi... Si elle avait pu rattraper son SMS, elle l'aurait fait. L'aimer la faisait souffrir. L'aimer sans certitude de réciprocité l'aliénait. Elle qui rêvait de l'embrasser 5 minutes auparavant, ne pensait plus qu'à lui faire du mal à présent.... Une giffle... Mais qu'était une giffle en comparaison avec sa torture? Rien assurément... Elle prit son portable et le reposa aussitôt... Il n'avait pas répondu. Il ne l'avait pas bippé. Il... rien. Rien du tout. Elle se rassura en pensant qu'il devait jouer à ce moment-là et que dès demain, il la contacterait... C'était sûr, il l'aimait... Il le lui avait dit... Ce soir-là, ce fut la seule pensée, les seuls mots qui lui permirent de trouver le sommeil... quatres heures plus tard...


Samedi :

Rien... Toujours rien depuis merdredi soir... Mais elle préférait se dire "depuis jeudi matin"... Comme si ça changeait quelque chose. Elle n'en revenait pas de son orgueil... Elle le pensait amoureux d'elle... Elle se regarda dans la glace, cracha dans le lavabo et finit de se rincer la bouche. Ce soir-là, elle se brossa les cheveux longtemps. Ils étaient longs... Il aimait les filles aux cheveux longs... Alors même si ça demandait de l'entretien quotidiennement et même si elle ne raffolait pas de ce look sirène que ça lui donnait, elle faisait avec... par amour. Un enième regard sur son téléphone lui confirma ce qu'elle savait déjà... Il ne l'avait pas appeler... Il devait être rentré chez lui pourtant... Il était chez lui, c'était sûr...
Elle composa son numéro puis raccrocha avant que ça sonne. Il n'était que 19h45... Il pouvait encore appeler... Il allait appeler, c'est sûr.

Ce soir-là, elle regarda la télévision jusqu'à plus soif sans pouvoir décrire une seule des images qui défilaient devant ses yeux.... Vers minuit, elle éteint la télévision et se coucha... L'esprit vide, épuisée d'avoir espéré... D'avoir prié pour n'importe quoi, un signe, une sonnerie, un message, un mail, une visite... Elle s'endormit, elle avait mit tant d'energie dans sa volonté de recevoir un geste d'amour  de sa part que regarder son échec en face lui était impossible pour l'heure.


Dimanche :

Rien... ça commençait à l'inquiéter... Il était plus de 20h. Elle avait passé la journée dans une bibiothèque et avait dû couper son téléphone. Une fois sortie, voir qu'il ne l'avait toujours pas contactée la perturba. Une forte pluie tombait sur la ville. Machinalement, elle sortit son parapluie et d'une main, cherchant furieusement son téléphone dans son sac en jean de l'autre. Pour la première fois de la semaine, elle se mit à croire que peut-être, il n'était pas têtu ou borné ou orgueilleux, mais tout simplement... mort ou gravement blessé. Cette pensée la troubla tant qu'elle se mit à manquer d'air... Que pouvait-il bien lui être arrivé? Et si pendant toutes ces heures où elle le maudissait et où elle désirait le voir souffrir au sens figuré, cela avait été le cas au sens propre? Et si... Et si...

Elle était perdue, elle ne savait plus vers où la menait ses pieds, elle ne voulait pas voir où la menait ses pensées... Prise d'un vertige, elle s'appuya contre un lampadaire. Levant les yeux, elle vit au loin la lueur des phares d'un bus qui approchait. C'était le 47. Ce bus pouvait la ramener chez elle. Saisissant son téléphone, elle composa son numéro et attendit... Une sonnerie... Deux sonneries... Puis une troisième, une quatrième et une cinquième, et enfin une voix: "Damien n'est pas disponible pour le mom..." Elle raccrocha. Arrivée à l'arrêt du bus, elle tenta de se rassurer. Il devait être en train de lui jouer un mauvais tour... C'était bien son style de se venger et de se jouer ainsi d'elle et de ses sentiments... Son parapluie lui échappa. Son téléphone venait de sonner. Le bus approchait. Merde, c'était sa mère. Elle refusa l'appelle et tout en se baissant pour ramasser son parapluie, relança un appel vers Damien... Une sonnerie, deux sonnerie,... Elle n'eut pas le temps d'en entendre plus. Son pied gauche glissa sur la chaussée mouillée. Face contre terre, la paume des mains erraflée, sa dernière pensée alla vers son téléphone... Etait-il cassé? Pourrait-elle le rappeler? Elle ne remarqua même pas la lumière aveuglante des phares derrière sa nuque...
Ce fut soudain... rapide... pour ne pas dire instantané... Ce sera la seule chose qui calmera un peu les pleurs de ses parents. Plongée dans le coma, leur fille de 20 ans semblait morte, mais elle ne l'était pas. Son coeur battait encore... il n'était que brisé.

Ailleurs...
   - Tu ne réponds pas?
   - Non...
   - Tu fuis tes fans ou... tes autres conquêtes?
   - Non... Mais j'ai pas envie de répondre...
   - Regarde au moins qui t'appelle.
   - Je sais qui m'appelle et c'est une conversation que je n'ai pas envie d'avoir.
   - OK... C'est toi qui voit mon ange.

Elle avait dit ça en souriant. Et ce sourire fendit le coeur de Damien. Il n'était pas prêt à parler à Julie. Que pourrait-il bien lui dire? Qu'il ne l'aimait plus? Qu'il l'aimait mais que ça ne l'avait pas empêché de la tromper? Qu'il l'avait trompée parce qu'elle avait été absente et qu'elle avait été absente parce qu'il ne voulait pas la voir? ... Que... qu'il était stupide?... Il n'était pas prêt à l'entendre pleurer... Il n'était pas prêt à assumer. Tout ce qu'il voulait pour le moment, c'était faire semblant. Faire semblant d'être heureux dans les bras d'Alice, regarder son plafond vert amande, choisir un DVD dans sa collection et à l'abri de ses draps, écouter la pluie et sentir son odeur et sa peau douce... Julie... Julie, ce sera pour demain... ou pour après demain... Il s'expliquerait plus tard.... Il lui expliquerait quand il saurait quoi dire. La tête posée sur la poitrine nue d'Alice, il éteint son téléphone et dit:

"Je rappelerai plus tard... Ce sera bien assez tôt.."

Publié dans Ce que j'écris

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E
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B
C'est fou comme tu me frustres :-) ! Ta capacité naturelle à passer du meilleur au pire dans tes textes, d'une situation anodine à une situation bouleversante, en un mot, WOUAW ! Autant te dire que j'ai accroché, autant te dire qu'il y a, ici et là, deux trois p'tites phrases bien marquantes qui t'font dire que ça valait plus que le coup de lire cette ' autobionouvelle ' si j'puis dire.Ce type, Damien, on ne sait pas ce qu'il veut, lui-même ne sait pas ce qu'il veut, et Julie, à défaut d'avoir ce qu'elle souhaite, tombe dans un espoir presque viscéral pour le coeur ; elle a ses moments de lucidité et ses moments d'angoisse, ses moments d'amoureuse résignée et ses moments de ' Non, attendons, je sais qu'il m'aime '. T'as parfaitement réussi à faire transparaître ces oppositions, j'vote pour. :-)En attendant d'autres nouvelles, je te dis à bientôt :-) !
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